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Anecdotes
du Luconautes
De Remy (Septembre 2013):
Je venais de temps en temps avec mon frère au Luco,
proche de l'endroit ou habitait ma grand-mère. Il avait un bateau électrique et
moi un voilier Requin entreposés au grenier.
L'épisode le plus mémorable au Luco, a
été l'incendie d'un bateau à vapeur construit aux ateliers Calvignac.
Sans doute par manque d'eau, ce superbe vapeur du Mississippi à moteur Wilesco s'est enflammé. Je ne sais pas la suite.
On pouvait construire aux ateliers Calvignac
(vedette, vapeur du Mississippi, cabin cruiser …)
De
Olivier (Août 2013):
Je traine souvent sur le site du
Club Luco, comme on flâne dans un port.
Ce prestigieux bassin est très
marin finalement. Il a gardé ce coté impressionnant que chaque enfant qui
sommeille en nous conserve depuis l'époque (autour de 1965 pour mon expérience)
ou l'on craignait de lâcher sur l'immensité son précieux voilier. Le bord
opposé du bassin se perdait dans l'horizon, et mille dangers pouvaient surgir à
tout moment.
Mon cher bateau de ce temps là,
que j'ai toujours, était un langoustier de chez Borda. Il venait d'un magasin
de jouets qui existe toujours, bd Edgar Quinet à Paris.
Nous étions en 1966 lorsque je
reçus en cadeau ce merveilleux voilier. Je me souviens encore aujourd'hui
(promis juré) de l'odeur du bois et des voiles neuves, lorsque, descendant la
rue Vavin, le bateau "plein les bras", et
le nez dans le gréement, je l'imaginais déjà pourfendant les flots bleus d'une
mer déchainée.
En fait, ce langoustier-thonier naviguait
comme un gros pépère. Bien ventru, assez peu voilé, il prenait le vent quand il
avait le temps. Je le trouvais un peu lent pour tout dire, et j'enviais les
propriétaires de Nova, que je trouvais assez insolent à lui tourner autour.
Mais, j'ai du aller avec mon
Borda assez souvent faire trempette dans l'immensité océanique du bassin.
Jusqu'en 1968.
Il n'y eut pas que la société qui
se mit à craquer...
Un soir, en 1968 donc, alors que
je prenais mon bain, j'eu l'idée de jouer dans la baignoire avec mon voilier.
L'eau, très chaude, dilata la coque du bateau si bien, qu'un sinistre sourire
prit forme, de la proue à la poupe, comme une plaie béante, il ressemblait
dorénavant à une vulgaire boîte aux lettres. Inutile de vous dire que le bateau
ne revit jamais le bassin du Luxembourg. Il fut rangé dans le bas d'un
placard-chaufferie, et se perdit dans l'accumulation des années.
Il resta dans l'oublie durant
trente ans, à se morfondre, recouvert de poussière, les mâts affalés sur le
pont. Ce n'est qu'en 1998 que je pris conscience de sa présence, et lui
redonnais vie.
Aujourd'hui, il est
resplendissant, après avoir retrouvé une carène irréprochable, et des teintes
marines profondes.
La grande inconnue étant de
savoir s'il retournera un jour dans le bassin du Luco.
C'est une autre question.
De
Louis (Août 2013):
Pour la petite histoire,je venais au
bassin du Luco avec mon frère ainé avant la guerre
d'Algérie (depuis mon frère n'est plus de ce monde et c'est donc avec émotion
que j'ai redécouvert les photos des lieux sur le site du Club Luco)
De Franck (octobre 2011):
Voilà l'histoire de ma rencontre avec Monsieur Paudeau:
Etant gamin, nous, mes parents et mes deux frères, allions tous
les dimanches déjeuner chez ma grand-mère paternelle boulevard Raspail.
Dans la grande chambre des enfants, sur une étagère, trônaient
deux goélettes de plus d'un mètre avec leurs beauprés.
J'étais fasciné par ces bateaux magnifiques et les ai, par la
suite, tous les deux récupérés au fil des héritages et du temps.
A ce jour, j'ai fini leurs restaurations (ponts refaits car
gondolés, coques affinées, repeintes et gréements entièrement refaits
pratiquement à l'identique).
J'ai pris du temps car voulais que cela soit aussi parfait que
possible.
Dans les années 70, j'avais questionné mon père sur l'origine de
ces bateaux.
Il m'a appris que mon grand père les avait commandées à Mr. Paudeau dans les années 30.
Mon père m'avait dit alors que Monsieur Paudeau
était probablement décédé.
La plus grande des deux goélettes commandées par mon grand père a
été offerte à mon père et deux de ses frères (dont l'un est devenu amiral, et
était un camarade de promotion de Philipe de Gaulle).
Mon père est décédé en 85 et ses deux frères, à ce jour, sont
encore de ce Monde.
En 89, avec mon épouse nous sommes allés un dimanche nous promener
au jardin du Luxembourg.
Nous sommes passés devant les balançoires et le kiosque de
"barbes à papa".
Nous avons entendu quelqu'un appeler une "Madame Paudeau", et cette dame qui était appelée était la
personne qui tenait le kiosque de "barbes à papa".
J'ai alors demandé à cette dame si elle était la fille de Monsieur
Paudeau, le fabricant des petits voiliers du bassin
du Luxembourg.
Elle m'a répondu qu'elle était sa femme.
Je lui ai demandé si son mari allait bien....
Elle a répondu que oui, et qu'il allait bientôt la rejoindre au
Kiosque.
J'étais heureux de cette nouvelle !
Nous avons donc attendu.
Quelques minutes plus tard, nous avons alors vu venir vers nous un
monsieur habillé d'une vieille vareuse avec un casquette de pêcheur.
C'était lui.
Je me suis présenté et lui ai parlé des deux bateaux que mon grand
père lui avait commandés, dont une goélette à guibre qui est très inspiré d'un
bateau que commandait une des mes arrières-grand-pères (le capitaine Vannorbeck de Dunkerque).
Mon grand père, Arthur Bommelaer(né à Dunquerke
et issu d'une lignée de marins dunquerkois dont de
célèbres corsaires , "monté" à Paris pour devenir polytechnicien et
ingénieur maritime), lui avait probablement amené un tableau de la goélette
"Léon Jeanne" que commandait son grand-père maternel, tableau que
nous avons toujours dans la famille.
Monsieur Paudeau était visiblement
flatté (mais pas étonné) de mon intérêt pour lui. Il était manifestement fier
de ses réalisations et savait qu'il avait de nombreux admirateurs dans le Monde
(en particulier après qu'il soit passé dans un reportage du magazine Thalassa).
Il m'a alors raconté l'histoire suivante:
Lorsqu'il recevait une commande d'un particulier, il demandait
toujours si c'était pour un usage sur bassin et lac ou pour la mer.
Un jour, il a reçu un
client qui souhaite lui passer commande d'une goélette. Il lui pose la question
sur l'usage final de ce bateau.
Le client lui demande pourquoi cette question.
Paudeau lui répond que si c'est
pour un usage en mer, il taillera des voiles plus petites.
Le client lui demande pourquoi ?
Paudeau lui répond que c'est pour
ne pas perdre le bateau du fait de sa vitesse (pas de télécommande à l'époque).
Le client lui répond qu'il est un excellent nageur et qu'il
souhaite une voilure maximale.
Quelques mois plus tard, Paudeau lui livre son bateau selon le cahier des charges.
Le client qui vit à Calais retourne chez lui , et s'empresse de
mettre son maillot de bain et emmène son bateau à la plage.
Il se met à l'eau avec son bateau.
Le petit bateau prend son élan et part comme une flèche.
Le Calaisien, malgré ses aptitudes de nageur chevronné, ne peut le
rattraper.
Plusieurs heures plus tard, de l'autre coté de la manche, un yachtman
anglais voit poindre une petite voile.
C'est celle de notre voilier Paudeau
qu'il parvient à hisser à son bord.
Sur la plage arrière du petit bateau, il découvre une petite
plaque en cuivre, celle de Paudeau qui signe ainsi
ses bateaux et sur laquelle figure son adresse parisienne.
Sur cette plaque est gravé: "P.Paudeau.
Constructeur de Yacht Modèle. Vente et Réparations. 4 rue Visconti Paris
6ème".
L'anglais, très flegmatique et "grand seigneur", se rend
alors à Paris à l'adresse de Paudeau pour qu'il
puisse rendre à son propriétaire son petit voilier et commande à notre ami un
bateau identique.
Voilà la belle histoire que Monsieur Paudeau
m'a contée ce jour là et que je pense devoir partager avec vous pour qu'il en
reste un trace.
En ce qui concerne les deux goélettes que j'ai récupérées de ma
famille, je n'en ai fait navigué qu'une seule dans les années 80 avec des
voiles que j'avais taillées dans du tissu spi. Je l'ai fait naviguer sur un
étang. Ce jour là il y avait peu de vent. Soudain une petite brise s'est levée
et j'ai vu le bateau prendre une petite gîte et accélérer d'une manière
inattendue avec une vague d'étrave et un
sillage impressionnant.
Paudeau était une sorte de
magicien des yachts en modèles réduits. Il lestait très fortement ses bateaux
et avait acquis son savoir de la mer en raison de son passé de mousse passionné
et curieux (dont il m'a parlé ce jour de rencontre) sur les goélettes de pêche
à la morue en Islande au début du 20ème siècle.